Histoire des chemins - Chapitre 2 - Les pionniers

UN PEU D’HISTOIRE …

 

Dans le dernier numéro de Balises 81, nous avons fait connaissance avec le précurseur de notre activité : Claude-François DENECOURT et vu comment d’une initiative toute personnelle est né le concept de la randonnée pédestre. Comme toujours, au cours de l’évolution de l’humanité, une idée peut germer en différents endroits sans pour cela qu’il y ait eu contact entre les tenants de cette dernière et même si les circonstances qui lui donnent naissance sont l’expression d’une cause à effet. Nous allons le constater.

 

Chapitre 2 : les pionniers

 

Durant la période du XVIIème et du XIXème siècle, la marche comme découverte de la nature est une activité informelle souvent pratiquée par les poètes, les philosophes, les écrivains et les artistes en quête d’inspiration. L’appel des sommets voit parallèlement se développer les prémices de l’Alpinisme et du Pyrénéisme incarnés dans la création, en 1874, du Club Alpin Français. Dans la seconde moitié du XIXème, l’arrivée fracassante de la Révolution industrielle va profondément bouleverser l’équilibre entre urbanité et ruralité et confronter deux mondes dont les rapports ancestraux vont devoir se réécrire.

 

Les pays européens connaissent alors une urbanisation et un exode rural massifs. La population des villes augmente considérablement, triplant quasiment entre le lendemain de la guerre de 1870 et la veille de celle de 1914. Ce bouleversement trop rapide et profond va progressivement engendrer dans les populations urbaines un rejet des villes et des prégnances de cette modernité. C’est le cas en Alsace, alors allemande, où l’on observe comme outre-Rhin une intensification de la pratique de la marche par ces populations désireuses de fuir l’atmosphère des villes et retrouver calme et santé au sein de la nature. Ce phénomène touche alors indifféremment toutes les couches sociales et définit alors le profil du pratiquant qui est donc un urbain.

 

Les espaces de nature ne sont tout de même pas des espaces vides et sauvages. L’appropriation de ces derniers ne peut se faire sans heurts. De même que Claude-François DENECOURT a provoqué une levée de boucliers des peintres de Barbizon dans la forêt de Fontainebleau, le balisage, l’équipement, la création de structures d’hébergement, de refuges contribuent à créer des espaces dédiés aux randonneurs urbains au sein même d’espaces naturels historiquement occupés par les ruraux. Inexorablement vont surgir des conflits d’usage, conflits qui perdurent aujourd’hui. L’attitude parfois condescendante et les idées préconçues des nouveaux randonneurs idéalisant la nature ou la ruralité au travers d’un prisme où pointe déjà la notion d’écologie se heurtent aux usages séculaires d’une population peu encline à voir son univers déstructuré.

 

C ’est dans ce décor, sous l’impulsion d’un magistrat allemand : Richard Stieve, que naît, le 31 Octobre 1872, le « Club vosgien ». Celui-ci, regroupant à son origine neuf associations en recrutera très vite d’autres. Ces « sections » seront gouvernées par un Comité central. Le club est reconnu d’utilité publique le 30 Décembre 1879. Entre 1890 et 1910, le club œuvre à la mise en tourisme du massif des Vosges en balisant les sentiers, en réalisant des aménagements touristiques, en construisant des tours belvédères afin de rendre le massif accessible au plus grand nombre. Pour fêter ses 25 ans d’existence en 1897, le Club Vosgien crée l’itinéraire « Traversée du massif des Vosges » balisé d’un rectangle rouge. Cet itinéraire de 430 km reliant Wissembourg à Fesches-le-Chatel, dans le territoire de Belfort, sera labellisé GR®5 en 1946. En 1921, l’administration des Eaux et Forêts accorde au Club Vosgien le monopole du balisage des sentiers afin de développer un balisage homogène et cohérent dans l’ensemble du massif.

GR®5
Balisage sur le GR®5

Le Club Vosgien devient une Fédération le 27 Mai 1995 et regroupe aujourd’hui plus de 130 associations réparties dans le Bas-Rhin, Haut-Rhin, Vosges, Territoire de Belfort, Meurthe et Moselle et Moselle, plus une association à Paris et une autre dans le Gard. Sa devise initiale : « un jour de sentier, huit jours de santé » sera reprise à l’infini. Il édite depuis ses débuts des guides de randonnée.

 

À cette époque, à l’autre bout du pays, sur les bords de la Méditerranée, Paul RUAT, un libraire marseillais, fondateur du Syndicat d’initiative de Marseille et membre du Club Alpin Français entreprend de publier des guides de randonnée composés à partir des notes qu’il prend lors de ses sorties. Le succès est tel qu’il a du mal à rééditer avant que le tirage soit épuisé. Il produit alors des brochures périodiques « Excursions en Provence » qui remportent également un grand succès. Un beau jour, en début de semaine, il place sur sa devanture une ardoise avisant d’une excursion publique de cinq heures de marche pour la modique somme de 1,50 fr. Le samedi suivant, neufs randonneurs participent à cette sortie. Fort de cet intérêt, il réitère. C’est ainsi que se forme un premier groupe d’amis randonneurs qui, avec Paul RUAT, vont fonder le 24 Janvier 1897 la « Société des Excursionnistes Marseillais » (association pour l’essor provençal), au moment même où le Club Vosgien fête ses 25 ans. Les Excursionnistes Marseillais deviennent rapidement une des plus importante société d’excursionnistes de France. La reconnaissance d’utilité publique en 1920 renforce encore leur notoriété. Aujourd’hui affiliés à la FFrandonnée, très impliqués dans le développement touristique, les « Excurs » (à prononcer avec l’accent marseillais) ont à cœur de respecter ce que Paul RUAT avait inscrit sur l’un des bulletins annuels : "Dites bien que la contemplation de la nature est le suprême des biens et que l'exercice de la marche fait la satisfaction de l'âme et la santé du corps".

 

Ces deux institutions ne sont évidemment pas les seuls exemples d’émergence d’associations de randonnée durant cette époque mais en sont les plus emblématiques. Elles représentent l’avant-garde d’un mouvement désormais très engagé qui trouvera un écho sur l’ensemble de la planète. Dans le prochain numéro de Balises 81, nous verrons l’aboutissement de ce processus qui verra la création de notre Fédération.

 

Gérard Palis, Président de la Commission Sentiers, Itinéraires & Éditions 

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